Après trois ans d'exil à Laredo au Texas, Johnny Rio revient à Los Angeles pour se prouver qu'il est toujours le même homme, un séducteur implacable avec son corps et constamment à la recherche du désir d'autrui. Commence alors pour lui une plongée dans les bas-fonds d'une cité qui n'est plus tout à fait celle qu'il a quittée et où les fantômes de son passé n'auront de cesse de le confronter à son image idéalisée.

Publié en 1967, Numbers est le second roman de John Rechy, inédit en français, après Cité de la nuit.

"Il faisait encore noir quand il s'est réveillé, en sursaut, persuadé d'être dans le parc au beau milieu de la nuit... Il s'est levé, à allumé la lampe-pour se rassurer. Dans la nuit hallucinée le parc avait l'apparence d'un cimetière, les buissons figuraient des tombes.
Je n'y retournerai pas !
Au matin, il savait qu'il irait."

Martin

Un grand plaisir de lire de nouveau Spike Milligan aux excellentes Nouvelles Éditions Wombat, qui se sont fixés la lourde tâche de nous faire mourir de rire en faisant découvrir au public francophone les plus grands textes satiriques et absurdes du monde entier.

Spike Milligan est un des grands humoristes anglais de la seconde moitié du XXieme siècle. Auteur et animateur dans les années 50 de l'émission culte "Goon Show" avec Peter Sellers et Harry Secombe sur la BBC, il inspirera directement les Monty Python (il fera une apparition dans La Vie de Bryan) et jusqu'à Marcel Gotlib en France.
Avec ses "Mémoires de guerre" en 7 volumes, il livre un texte autobiographique déjanté et survolté où les considérations militaires passent au second plan derrière la camaraderie et ses blagues potaches, le jazz et la tasse de thé quotidienne.

Après Mon rôle dans la chute d'Adolf Hitler, ce second tome couvre la période de janvier à mai 43, période pendant laquelle l'artilleur Milligan participe à l'Operation Torch qui aboutira à la victoire des Alliés en Afrique du Nord face à Rommel. Encore une fois son humour ravageur fonctionne à plein régime avec un nombre de blagues et autres répliques cinglantes par page assez ahurissants. On dévore ce texte rien que pour le plaisir de voir Spike Milligan écarter avec brio l'horreur de la guerre derrière la puissance de son imaginaire et de son humour tellement britannique. Chapeau l'artiste, il en faut du talent pour être constamment drôle sur 250 pages.

Martin

France, XXIème siècle. Pour avoir voulu défier la Confédération, le pays se retrouve mis au ban des nations et menacé de guerre.

Pour échapper à l'inéluctable, son Président-dictateur à vie, sous l'influence des théories littéraires audacieuses de la gloire nationale Kleber-Gaydier, décide par décret le passage du pays dans la fiction. Jean-Pascal Viennet, ex-collaborateur de la Délégation, est chargé par celle-ci de mener à bien le passage des premiers colons vers la fiction.

Qui n'a jamais rêvé de devenir un personnage de roman ici et maintenant?.

Une idée de départ vertigineuse, la collusion de la réalité et de la fiction littéraire, développée d'une main de maître par un auteur très en verve pour nous convaincre de la possibilité de ce transfert un peu tiré par les cheveux...

Fantastique roman d'aventure et science-fictionnel, interrogation en creux sur le pouvoir de la littérature tout autant que vibrant hommage à notre patrimoine littéraire et notre langue (sur un ton parfois délicieusement satirique), ce roman audacieux se dévore malgré les quelques longueurs inhérentes à ce projet pharaonique. Une très belle découverte.

"La frontière qui sépare la réalité de la fiction a toujours été considérée comme un véritable rempart, alors qu'elle est floue, indistincte et que l'on peut la franchir sans dommage."

Martin

Dans une époque pas si lointaine et un pays indéterminé, un couple d'aristocrates tente de fuir un conflit aux racines nébuleuses qui ne cesse de se rapprocher.

Bientôt, ils seront capturés par une bande d'irréguliers menée par un lieutenant charismatique mais au comportement erratique.

Ramenés de force dans leur château, Abel et Morgan vont devenir les jouets plus ou moins consentants du lieutenant pour tenter de survivre.

Un délice que de lire la traduction somptueuse d'un très grand texte du regretté Iain Banks. La cruauté et la violence de certaines scènes frappantes le disputent aux réflexions et aux remémorations tantôt cyniques tantôt drôles, d'un Abel cherchant dans son passé les causes de ce conflit et de son impuissance à y échapper.

Martin

Nouvelle exploration du catalogue des éditions l'Œil d'Or avec ce roman de Thorne Smith (1892-1934), auteur populaire ayant obtenu un succès énorme à son époque avec ses satires de la classe moyenne américaine. Mettant en scènes des personnages désœuvrés sombrant dans une joyeuse débauche anarchique pour tromper leur ennui dans une société conformiste et matérialiste, Thorne Smith navigua entre critique sociale et fantastique avec un humour féroce.

Publié en 1931, ce roman satirique et fantastique met en scène Hunter Hawk, inventeur rêveur, immensément riche mais ayant une tendance à la misanthropie et à l'ennui depuis que sa sœur et sa famille se sont incrustées dans sa demeure.

Ne renonçant pas pour autant à des découvertes scientifiques (dont la seule utilité semble être corrélée au bazar foutraque qu'elles peuvent engendrer), le voici très vite détenteur d'un rayon pétrificateur, capable aussi bien de statufier un américain moyen trop bavard que de donner vie à une simple statue.

Ainsi armé et accompagné de Megaera, sorte de leprechauns femelle aussi dangereuse que séduisante, Hunter va donner vie à tout un panthéon de statues grecques et entre deux cocktails pour garder la forme et sa bonne humeur, partir à l'aventure avec eux.
Pourquoi ? Parce que c'est possible et parce que c'est rigolo, pardi.

On ne s'ennuie donc pas un seul instant dans ce vaudeville qui ne recule devant aucune entorse à la bienséance et où l'on pétrifie à tout va la maréchaussée, le fondement de pasteurs aussi bien que les honnêtes gens entre deux bagarres alcoolisées provoquées par des divinités déstatufiées. Une satire plus profonde qu'il n'y paraît au premier abord, très efficace pour lutter contre tout esprit de sérieux.

Martin