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Michel Aoun

Biographie

**Michel Anoun** , militaire et homme politique libanais, est né en 1935.
Il entre en 1955 à l'école militaire comme élève officier. Il devient sous
lieutenant dans l'artillerie en 1958. Il est nommé capitaine en 1968,
commandant en 1974, lieutenant colonel en 1975, et colonel en 1980. De 1959 à
1972, Michel Aoun occupe plusieurs fonctions dans l'armée de l'artillerie dans
plusieurs régions libanaises. En août 1973, il est muté à Saida au sud du
Liban, chargé du commandement du bataillon de la 2e artillerie. Il s'illustre,
début 1976, lors des accrochages opposant l'Armée libanaise à l'Armée de
libération de la Palestine (ALP), en continuant à défendre les enclaves
demeurées libres. De janvier 1976 à 1978, il a pour mission, à Yarzé, de
réorganiser l'artillerie. De 1978 à 1980, il suit, à Paris, une session
d'études à l'École supérieure de guerre. Á son retour, en 1980, il est détaché
à l'État major de l'armée, en tant que chef du bureau technique par intérim. Á
la fin de la même année, Michel Aoun est nommé commandant du département de
Ain El-Remmaneh-Baabda. Michel Aoun se trouve alors à la tête de la « Brigade
de la Défense », dont les unités sont stationnées tout au long des lignes de
démarcation séparant les secteurs Est et Ouest de la capitale ; lors de
l'invasion israélienne de Beyrouth, ses troupes empêchent l'avancée de Tsahal
vers la banlieue sud de la capitale libanaise.
En 1982, Michel Anoun est nommé chef de l'État major des Forces armées
libanaises, chargées de maintenir la sécurité à Beyrouth (et notamment le
maintien de l'ordre durant l'évacuation de l'armée israélienne).Vers la fin de
1982, il est appelé à former et commander une brigade multiconfessionnelle :
la 8e brigade ; en 1983, à sa tête, Michel Aoun remporte la bataille de Souk
el-Gharb, repoussant l'assaut de l'armée syrienne et de ses alliés locaux
contre les régions libanaises demeurées sous le contrôle du gouvernement
légal. En reconnaissance de son héroïsme, Aoun est nommé en 1984 brigadier-
général, commandant en chef de l'armée.

Durant l'été 1988, la présence de l'armée syrienne d'occupation, ainsi que
les pressions politiques, rendent impossible l'élection d'un président de la
République. Avant son départ, le président Amine Gemayel, par les décrets n°
5387 et 5388, nomme Michel Aoun à la tête d'un gouvernement formé par l'état-
major de l'armée - gouvernement dont la principale mission est d'assurer
l'élection d'un nouveau président. Ce gouvernement, qui met
constitutionnellement fin à l'ancien conseil des ministres, n'est pas reconnu
par les Syriens qui maintiennent le gouvernement de Sélim Hoss.
Le 6 mars 1989, le gouvernement d'Aoun décide la réactivation de la chambre
maritime afin de réglementer les ports illégaux (ouverts sans autorisation
gouvernementale durant les 14 années de guerre) et devenus sources de revenus
et de contrebande (revenus utilisés par les milices et l'armée syrienne pour
le trafic de drogues et d'armes). Aussitôt, l'artillerie syrienne bombarde le
port de Beyrouth, et, le 14 mars 89, les bombardements touchent le bureau de
Michel Aoun au ministère de la Défense nationale, ainsi que la population
civile - faisant 38 morts et 142 blessés. Ce jour là, Michel Aoun déclare « la
guerre de libération » et demande officiellement à la Syrie de retirer ses
troupes du Liban.
En octobre 1989, les députés libanais furent convoqués à Taëf, en Arabie
Saoudite, pour discuter d'un « document d'entente nationale ». Aoun leur
demande de ne pas s'engager tant qu'aucune décision ferme n'est prise au sujet
de l'évacuation des troupes syriennes du territoire libanais, et de n'admettre
aucune réforme constitutionnelle avant ce retrait.
Le 22 octobre 1989, 58 députés approuvent « l'Accord de Taëf » à main levée.
Michel Aoun s'y oppose, considérant que cet accord, loin de contribuer au
retour de la paix, ne fait que confirmer la mainmise syrienne sur le Liban. Il
avertit les députés d'une possibilité de dissolution du Parlement. Ceux-ci se
réunissent alors sous contrôle syrien pour élire un président : René Moawad
(assassiné le 22/11/1989), puis Elias Hraoui. Par décret, Michel Aoun recourt
à la dissolution du Parlement le 4 novembre 1989.
Comprenant que les puissances occidentales soutiennent « Taëf », qu'une
première tentative de le déloger de Baabda (à partir du 30 janvier 1990) se
produit au travers des violents affrontements opposant l'Armée et les Forces
libanaises de Samir Geagea, et que l'invasion des régions libres devient
inévitable, Michel Aoun accepte officiellement de ratifier l'accord, mais aux
conditions suivantes : levée du blocus ; reconnaissance de Elias Hraoui ;
démission simultanée des deux gouvernements Aoun et Hoss ; formation d'un
gouvernement d'union nationale crédible et représentatif ; dissolution des
milices ; unification de l'armée ; abstention d'une nomination de nouveaux
députés ; élections législatives libres sous contrôle international (par
exemple sous contrôle de l'ONU) ; ratification des réformes
constitutionnelles. Ces conditions sont refusées.
Après l'invasion irakienne du Koweït, en août 1990, le gouvernement
américain sollicite désespérément la participation de la Syrie à la coalition
soulevée contre Bagdad. En échange de cette participation, l'administration
Bush donne à la Syrie son feu vert pour achever sa conquête du Liban.
À l'aube du 13 Octobre 1990, l'armée syrienne, appuyée par les
bombardements intensifs de son aviation, envahit les régions libres du Liban.
Tôt le matin, pour éviter un bain de sang, Michel Aoun demande un cessez le
feu - négocié par l'ambassadeur de France au Liban, René Ala. Celui-ci demande
au général de se rendre au siège de l'ambassade pour confirmer l'accord
négocié. Il lui sera interdit d'en repartir et de rejoindre le palais
présidentiel de Baabda. Michel Aoun gagne la France le 30 août 1991 ; commence
alors son exil de quinze ans.
Le 18 février 1996 est fondé, à Paris au Palais des Congrès, le mouvement
de résistance contre l'occupation, le « Courant patriotique libre » (CPL). En
septembre 2003, Michel Aoun témoigne devant le Congrès américain en faveur du
Syria Accountability and Lebanese Sovereignty Restoration Act.
Le 21 novembre 2004, à la veille de la fête de l'Indépendance, le général
lance un appel à un dialogue national libanais, afin de trouver les solutions
nécessaires pour que s'ouvre, au lendemain d'un retrait syrien qui semble se
rapprocher, un nouveau chapitre de l'histoire du Liban. Personne n'y répond.
Le 14 février 2005, l'ancien Premier ministre Rafic Hariri est assassiné à
Beyrouth. Le crime commis soulève un mouvement de révolte et d'indignation,
entraînant dès lors de nombreuses manifestations populaires appelant au
retrait immédiat des troupes syriennes du pays. Ces dernières finissent par se
retirer totalement du pays des Cèdres le 27 avril 2005, après près de trois
décennies d'occupation.
En mai 2005, Michel Aoun rentre à Beyrouth après 15 ans d'exil. En juin
2005, le CPL concentre ses efforts sur les élections législatives. Michel Aoun
et ses partisans s'y présentent avec un programme dont les points principaux
sont : laïcité, changement, réforme, transparence, audit des finances
publiques, responsabilité, vraie démocratie, fin de la corruption, extension
de l'autorité de l'État libanais sur chacune des parcelles du territoire, etc.
Michel Aoun et ses alliés emportent 21 sièges sur 128 au Parlement.
Le 6 février 2006, un document d'entente bilatérale est signé entre Hassan
Nasrallah, Secrétaire général du « Hezbollah », et Michel Aoun. Ce document
porte sur 10 questions d'intérêts purement libanais, fournissant un cadre
pacifique pour l'application de la résolution 1559 du Conseil de sécurité,
notamment en ce qui concerne la question des armes du « Hezbollah ». Par la
suite, Michel Aoun lance un appel pour la formation d' un gouvernement d'unité
nationale. Les diverses composantes de l'opposition se retrouvent pour
organiser deux manifestations au centre-ville de Beyrouth, rassemblant chacune
près de 1,5 millions de Libanais. Les manifestants organisent par la suite un
grand sit-in permanent au centre-ville de la capitale. Fouad Siniora, à la
tête du gouvernement, persista à y prêter sourdes oreilles et s'entêta à ne
pas démissionner. Le 30 mars 2007, Michel Aoun rencontre M. Ban Ki-Moon,
Secrétaire général des Nations unies. Il l'informe par note écrite des périls
potentiels menaçant le Liban, dont la prolifération de cellules terroristes
dans le pays au vu et au su des autorités. Deux mois plus tard, l'une d'elles,
connue sous le nom de Fateh al-Islam et reliée à al-Qaëda, abat vingt
officiers et soldats de l'armée libanaise (aux alentours du camp des réfugiés
palestiniens de Nahr al-Bared, au Nord du pays), ce qui pousse l'armée
libanaise à mener, en riposte, une guerre anti-terroriste. Le général octroie
un soutien absolu, inconditionnel et sans faille à l'armée, appelant la
communauté internationale à lui fournir, non un soutien verbal, mais
l'effectif matériel nécessaire pour la conduite de sa riposte.

Michel Aoun est diplômé de l'École d'application de l'artillerie à Châlons-
sur-Marne (France, 1959), de la USA Army Artillery and Missile School (1966),
et de l'École supérieure de guerre à Paris (1980). Le général Aoun est
détenteur de nombreuses décorations libanaises dont, notamment : l'ordre du
Mérite libanais argenté, des médailles de guerre - 4 fois -, la décoration
nationale du Cèdre - grade de Chevalier -, l'ordre du Mérite Libanais - 1er
grade -, la décoration nationale du Cèdre - grade d'Officier -, la décoration
nationale du Cèdre - grade de Grand Galon -, etc.). Il est également
commandeur de la Légion d'honneur de la république française.
C'est en 2007 qu'il publie, aux éditions Fayard, son premier livre : _Une
certaine vison du Liban_ (entretiens avec Frédéric Domont).
© photo : D.R.

Contributions de Michel Aoun