Les rencontres d'Apollon et Saturne

De 1580 à 1640, le génie de la mélancolie féconde la poésie française en inspirant sa topique, sa rhétorique et sa poétique. Du martyr néo-pétrarquiste aux remèdes de Vénus et de Bacchus, de la tentation diabolique au salut du pénitent, en passant par les délices morbides de la solitude, par les bizarreries du songe et du caprice, la poésie du premier XVIIe siècle trouve dans le modèle médico-philosophique du mal noir un imaginaire culturel approprié à l'expression de sa sensibilité rêveuse et tourmentée. Une affinité essentielle rapproche l'inconstance de la bile noire et l'ambivalence d'une poétique partagée entre la fureur baroque et la langueur maniériste, plaçant le royaume des Muses sous le double patronage d'Apollon et de Saturne.