1924-2024 un siècle de partage autour du livre

Freezing

Clea Koff

Héloïse d'Ormesson

  • Conseillé par
    5 novembre 2012

    «Les anthropologues promenaient leur regard entre la jambe sectionnée et l’écran de l’appareil, s’efforçant d’interpréter les différentes gradiations de gris qui représentaient les os et les tissus.»

    Jayne et Steelie sont anthropologues-légistes...tout comme l’auteure, Cléa Koff.
    Jayne et Steelie ont travaillé au Rwanda et au Kosovo : identifier des cadavres mutilés...tout comme l’auteure, Cléa Koff.

    Mais revenons à Los Angeles.
    De retour dans un monde (plus ou moins ?) civilisé, elles vont créer une agence, très spéciale, aux Etats-Unis : retrouver des personnes disparues...tout comme l’auteure, Cléa Koff.
    Tiens, tiens...


    Elles vont se confronter à une mission, très, très spéciale : identifier des morceaux de corps démembrés tombés d’une camionnette accidentée.
    Là s’arrête toute ressemblance avec l’auteure, du moins, je l’espère pour elle !

    Aidées de l'agent spécial Scott Houston, elles vont enquêter sur ces morts sans tête semés comme des cailloux, comme à la manière du Petit Poucet ou plutôt du très, très méchant Ogre.
    Un tueur en série qui sévit dans toute l’Amérique...
    Hum, hum, une mission très, très risquée.

    Faire parler les morts, la mort au trousse...un boulot pas vraiment comme les autres.
    Exhumer des cadavres et (sur)vivre «aux efforts que faisaient les assassins pour effacer l'identité des défunts. A la façon dont cela empêchait les survivants de faire le deuil, d'accomplir des rites apaisants, que ce soit la toilette du défunt, une cérémonie suivie d'une crémation ou d'un enterrement, ou le rituel thérapeutique qui consistait à aller se recueillir sur la tombe de leurs proches le restant de leur vie.
    L'absence de ces rituels torturait les survivants - des personnes qui n'avaient peut-être jamais été en contact avec leurs bourreaux.»

    Nos deux héroïnes souffrent autant qu’elles troussent le criminel.
    Ce n’est pas un métier de tout repos. Il laisse des traces.

    Face à l’épouvantable, l’inconcevable cruauté humaine, comment vont s’en sortir nos deux expertes en jupons ?
    L’amour peut-il les sauver ?
    Peut-on effacer des cicatrices indélébiles ?

    Le lecteur risque de suer, à grosses gouttes, les yeux rivés sur des clavicules tordues, des fémurs broyés ou des litres et des litres de sang.
    Des personnages, bien saisis, attachants que le lecteur, apeuré, va suivre et poursuivre tout au long des pages.
    Une hallucinante plongée dans un terrifiant milieu inconnu.
    La traduction est impeccable.
    L’écriture de Koff, taillé au scalpel, coule de source...judiciaire.

    Cléa Koff, née en 1972 en Angleterre, nous livre là un thriller insolite. C’est son deuxième roman publié en France après «La mémoire des os» situé en Croatie, en Bosnie et au Rwanda.

    Une jeune auteure à découvrir, donc.

    Et puis, toujours, en main, la belle édition d’un livre signé des «Editions Héloïse d’Ormesson», la petite maison qui a tout d’une grande.
    Maquette soignée et agréable à lire.
    Un bel objet-livre...en voie de disparition...?

    «Elle continua à marcher en fixant la Suburban noir garée au bout de la rue. Et tout à coup, une main lui agrippa le bras en la tirant à l’écart.»

    Allez, cher lecteur, restez vigilant et bon courage...

    PS : Un anthropologue légiste doit déterminer si les os ou les parties du corps sont humains ou non, depuis combien de temps ils se trouvent à l'endroit où ils ont été découverts, le nombre de corps présents, les circonstances et la cause du décès ainsi que l'âge, la race, le sexe et les caractéristiques physiques de l'individu.

    Voilà, ça c’était le passage obligé et désobligeant «culture personnelle», ç’est «bo» la culture non ?